Le châtaignier en gemmothérapie : le bourgeon de la circulation

Les Carnets de Vesunna, l'atelier de gemmothérapie
Nathalie Neaud

Arbre majestueux, considéré comme le gardien des Hommes par les Celtes, le châtaignier est à lui tout seul un symbole des forêts ardéchoises. De son bois, à ses fruits, en passant par ses bourgeons, ses feuilles et ses fleurs, cet arbre tient une place majeure auprès de l’homme. 

Il est décrit dans des ouvrages dédiés aux plantes médicinales, ses bourgeons, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits sont utilisés en herboristerie. 

Voici une présentation du châtaignier qui rend compte notamment de la place qu’il tient en gemmothérapie compte tenu du potentiel de son bourgeon sur la circulation. Celui que l’on appelle l’arbre à pain produit en effet un macérat idéal pour les jambes lourdes et les bras gonflés

feuilles de chataignier
fleurs de chataignier

Observation botanique du châtaignier — Castanae sativa Mill., Fagaceae

Le châtaignier appartient à la famille des Fagacées comme le hêtre et le chêne qu’il côtoie. Arbre rustique et robuste, aux belles proportions, il semble solidement ancré par ses racines.

Sa croissance est rapide, plus rapide que celle du chêne. Isolé, il peut atteindre plus de 25 m de haut, son tronc est droit, ses branches puissantes et sa cime étalée signent déjà sa générosité.

Son écorce d’abord lisse et brillante fonce et se fend longitudinalement en vieillissant (comme un vieux sage aux rides profondes). Il peut en effet atteindre plus de 500 ans.


Il se reconnaît à ses longues feuilles vert clair, simples, alternes, denses, caduques, brillantes, lancéolées et dentées.


Sa floraison est tardive. En juin/juillet, il se couvre de fleurs jaune crème regroupées en longs chatons fins, les fleurs femelles sont à la base d’un chaton bisexué dressé vers le ciel.


Les fruits enfermés dans une bogue épineuse se développent à la base des chatons. À l’automne, les bogues tombées au sol s’ouvrent en quatre et laissent paraître 1 à 3 châtaignes. La châtaigne est un fruit sec contenant une graine unique, notamment riche en amidon, en sucres et en minéraux.

Ses qualités nutritionnelles comparables à celles des céréales en ont fait un aliment de base pour l’Homme.

Le Châtaignier, un arbre proche de l’homme

 

Un arbre des campagnes

« Là où croissait le châtaignier, l’homme s’est installé ; là où l’homme partit s’installer, il apporta le châtaignier ».

Témoin de la présence humaine au point qu’il est difficile de savoir de quelle région il est indigène (Corse, Cévennes…) et dans quelle région il a été implanté. Le châtaignier a de tout temps offert son bois (charpentes, tonneaux, piquets…) et ses abondantes châtaignes, qualifiées de « pain du pauvre », notamment dans les périodes difficiles de famine.

Arbre forestier et arbre fruitier, le généreux châtaignier a donc chauffé nos ancêtres, les a abrités et nourris (jusqu’à 150 kg/pers/an).

Noms de lieu et de famille, il a également marqué le territoire : Châtenay, Châtenet, Châtenois, Casta, Castanet, Castanier et tant d’autres…

 

Une présence fragile en Europe et une production asiatique en hausse

En France, le châtaignier est surtout présent en Corse, en Ardèche et en Limousin, mais les châtaigneraies, souvent montagnardes et difficiles d’accès, ont été progressivement abandonnées, laissant la place à d’autres espèces d’arbres.

La production européenne s’est ainsi écroulée, l’Italie produit aujourd’hui 8 fois moins de châtaignes qu’à la fin du 19e siècle, mais 8 fois plus que la France dont la régression est encore plus importante. Elle est le second producteur européen derrière la Turquie.

La Chine, le Japon et la Corée ont développé une espèce à gros fruits moins goûteuse. La Chine à elle seule produit dix fois plus de châtaignes que l’Europe réunie. La production asiatique triple alors que la production européenne diminue de moitié. Trois nouveaux pays se mettent également sur les rangs : Australie, Chili, États-Unis.

En s’appuyant sur la qualité, une économie se développe en France autour du châtaignier : farine, pâtes, bière, miel, marrons glacés et confits, crème, châtaignes pelées, bois aux propriétés techniques proches de celles du chêne (bardeaux, planchers, meubles, poteaux…). Pour conserver nos châtaigniers, « mangeons donc des marrons et construisons en châtaignier ! »

En Dordogne, avec un Label rouge et une IGP en cours de reconnaissance, le « marron » du Périgord se fait reconnaître par ses qualités.

Comment différencier les châtaignes des marrons ?

Ne nous y trompons pas, les différentes variétés de châtaigniers produisent des châtaignes et des marrons. Un marron désigne en effet une grosse châtaigne unique dans sa bogue, provenant souvent d’un arbre cultivé.

Ne pas confondre avec le marron d’Inde tout juste comestible pour les chevaux et fruit du marronnier. Cet arbre implanté en Europe au 17e siècle dont le nom latin Hyppocastanum signifie très justement la châtaigne des chevaux.

Le châtaignier et les traditions 

La consommation des châtaignes débutait traditionnellement entre le 1er novembre et la St Martin (le 11 novembre). La bogue qui s’ouvre offre généreusement ses châtaignes, elle fait référence à St Martin partageant avec un mendiant la fourrure de son manteau. La bogue s’ouvre, les pauvres mangent à leur faim.

Les bienfaits du bourgeon de châtaignier en gemmothérapie : le bourgeon de la circulation

De forme ovoïde, aux écailles brunes et lisses, le bourgeon du châtaignier est récolté en avril.

Décongestionnant et draineur lymphatique 

Le macérat de bourgeons de châtaignier tonifie et décongestionne les vaisseaux lymphatiques, il remet la lymphe en circulation. Il est indiqué dans les troubles suivants :

  • jambes lourdes
  • pieds, chevilles, jambes et bras gonflés
  • œdèmes
  • congestion pelvienne (avec le macérat de framboisier)
  • cellulite

Pour éviter les gonflements avec la chaleur estivale, ce macérat de bourgeon est idéalement recommandé en cure quelques semaines avant l’été.

Décongestionnant et draineur veineux

Sur la sphère veineuse, qu’il tonifie et draine également, il est indiqué dans les troubles congestifs :

  • varices et hémorroïdes (associé au macérat de marronnier ou de sorbier)
  • phlébites (en association avec le macérat d’aulne glutineux pour son côté anti-inflammatoire)
  • céphalée congestive de la ménopause (associé au sorbier)
  • en tant que cicatrisant des ulcères variqueux

Ces indications sont données à titre d’information, elles ne se substituent pas à un avis médical.

Les autres utilisations du châtaignier en phytothérapie

Les feuilles de châtaignier riches en tanins, vitamines C et B sont astringentes, expectorantes et antispasmodiques. En tisane, elles agissent sur les voies respiratoires : irritation de la gorge et quintes de toux. F. Pitera est le seul à mentionner ces propriétés pour le macérat de bourgeons de châtaignier.

L’élixir de châtaignier du Docteur Bach, préconisé (oh surprise !) dans les périodes difficiles, les moments de grand désespoir pour apporter sécurité, chaleur intérieure, douce lumière et donc confiance. F. Pitera préconise d’ailleurs le macérat de bourgeons en cas d’asthénie générale.

Et « lorsqu’on entre dans le champ énergétique d’un châtaignier, on se sent en sécurité et enclin à lâcher nos rigidités, nos préoccupations mentales, nos attentes. Cette présence est tellement sécurisante qu’elle nous aide à faire le vide et à nous abandonner à l’instant présent » (Plantes et santé, L’énergie des arbres, tome 1).

 

Utilisé depuis des décennies pour l’alimentation, et dans la construction pour son bois dur et riche en tanin, le châtaignier continue d’être notre allié.

Les bienfaits de cet arbre ne sont plus à prouver en phytothérapie. 

Axé sur la circulation, le bourgeon de châtaignier en gemmothérapie permet notamment de soulager les jambes lourdes et les œdèmes. Il saura se rendre indispensable aux personnes importunées par une circulation défaillante qui pourront l’utiliser dans la durée.

Sources :

  • F. Piterà di Clima, M. Nicolleti 2018 – Précis de gemmothérapie, Fondements scientifiques de la Méristémothérapie. Éditions Amyris
  • Philippe Domont, Edith Montelle 2006 – Histoires d’arbres, des sciences aux contes. Editions Delachaux et Niestlé
  • Regards et Prospectives, avril 2015 – Chambre d’agriculture, Dordogne

Pour en savoir plus sur la gemmothérapie, reportez-vous à notre bibliographie.

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